Pourquoi voulons-nous avoir le choix?

Des souris, des singes et des soldats : le besoin biologique de choisir

Le saut de Conrad Schumann, © Peter Leibling, 1961 — Mémorial du mur de Berlin
Ken Allen, au zoo de San Diego. Source: Sandiegozoo100.org

« Dans certains cas, le pouvoir de choisir est si fort qu’il n’est plus seulement un moyen pour atteindre un but, mais quelque chose d’intrinsèquement désirable et nécessaire » — Sheena Iyengar, The Art of Choosing

Berlin, 13 août 1961. Le jour sur lève sur la capitale est-allemande. La veille, ses habitants ont passé une soirée d’été tout à fait ordinaire : certains sont sortis dîner ou voir un film, d’autres sont allés se promener ou passer une soirée avec leur famille dans la partie ouest de la ville, avant de rentrer chez eux. Au réveil, pourtant, tout a changé. Pendant la nuit, des routes ont été cassées, des morceaux d’asphalte ont été empilés les uns sur les autres afin de constituer des barricades de fortune. Des barbelés ont été tirés au milieu de la ville par des soldats de la RDA, la république est-allemande. Les véhicules et les habitants n’ont à présent pas le droit de franchir cette ligne, celle du futur Mur de Berlin. À partir de ce matin du 13 août, il n’est plus autorisé, pour les habitants de la partie est, de se rendre librement dans la partie ouest de la ville. Les habitants de Berlin-Est étant de plus en nombreux à braver cette interdiction pour passer à l’Ouest, plus de quinze mille soldats et policiers sont dès le lendemain déployés le long de la nouvelle « frontière ». Leur mission est d’empêcher toute personne de la franchir, pour quelque raison que ce soit. Le jeune Conrad Schumann est l’un de ces officiers, lui-même chargé de surveiller la frontière à l’intersection entre la Ruppiner Strasse et la Bernauer Strasse. Quelques heures plus tôt, il a vu certains de ses camarades refuser le retour à l’Ouest d’une petite fille qui avait passé le week-end chez ses grands-parents et souhaitait à présent rentrer chez elle, de l’autre côté des barbelés. Le soldat Schumann fait les cent pas le long du futur Mur, de plus en plus perplexe et de plus en plus anxieux. Son malaise est apparemment palpable puisque, côté occidental, un jeune photographe du nom de Peter Leibing se tient prêt, le doigt sur le déclencheur de son appareil photo. Sentant eux aussi la tension du soldat monter, des habitants du côté ouest se mettent à lui crier de les rejoindre. Soudain, Conrad Schumann s’élance par-dessus les barbelés, lâche son fusil en vol et court en direction de la police ouest-berlinoise, qui l’évacue rapidement.

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Auteure et entrepreneure dans les médias. J’écris pour comprendre pourquoi on fait ce qu’on fait.

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Sophie Guignard

Auteure et entrepreneure dans les médias. J’écris pour comprendre pourquoi on fait ce qu’on fait.